mardi 30 octobre 2007

Festival du cinéma tout écran


Cette année, je n'aurai fait qu'un seul saut au Festival du cinéma tout écran de Genève. J'avais découvert par hasard ce festival il y a 5 ans grâce à ma soeur qui avait gagné des billets pour un film (bizarre d'ailleurs...).

Cette année, étant absent la moitié de la semaine (eh oui je pars jeudi pour Berlin), je n'ai pu aller voir qu'un seul film: "Ravages" de Christophe Lamotte, racontant l'histoire d'une jeune fille délinquante placée pour quelques mois dans un foyer éducatif strict, dernière case avant la prison. Le film était très fort, bon scénario, belles prises de vue, et surtout une histoires de filles. Ca me rappelait un peu mon travail en foyer éducatif.


Comme toujours dans les festivals de film, le réalisateur était là à la fin du film pour répondre à nos questions. J'ai beaucoup aimé ses explications. Sur sa manière de construire son scénario, son engagement au travers de ce film contre les nouvelles politiques hyper répressives qui sévissent en Europe depuis quelques années envers la jeunesse en difficulté.

Et sa définition de cette adolescence comme "âge DES premières fois, ces premières fois que l'on essaie après toute sa vie durant de retrouver".

Il a fait un film de thème analogue il y a quelques années, sur les garçons, intitulé "Ruptures".

Quant à "Ravages", il est sensé passer le 21 novembre sur Arte, si ça vous intéresse.

lundi 29 octobre 2007

Philosophie matinale

Ce matin en préparant l'unité de soin où je travaille, je trouve un bout de papier griffonné par terre dans la cuisine: "A quoi sert-il de gagner le monde si l'on perd son âme?"

Je n'ai aucun idée d'où ça vient et quel patient a écrit ça, mais ça m'a pas mal fait réfléchir pendant ma dernière heure de travail. Parce qu'il y a tellement de personnes qui perdent leur âme en essayant de gagner le monde. Et pourquoi tellement de gens cherchent-ils à gagner le monde, d'abord? N'y a-t il pas une quantité d'autres choses bien plus importantes? J'ai souvent l'impression de vivre dans une société tellement conformiste que les valeurs et idéaux individuels ne sont pas du tout pris en compte. Il "faut" réussir, avoir de l'ambition etc...

Alors il y a des matins comme ça, où je me sens proche de "mes" fous.

mercredi 24 octobre 2007

Ma nuit avec A*** (non non rien de vicieux^^)


Comme le hasard fait bien les choses, cette nuit je travaille avec A***. On discute beaucoup, interrompus parfois par un patient qui se lève. 10 mois que je n'ai pas vu A***. Il fallait briser la glace, recréer le lien. A*** m'a finalement assez bien cerné, comme petit globe trotteur qui ne tient pas en place. Il n'a pas tout tort, c'est une partie de moi.

A*** m'a encouragé à vivre mes rêves, comme une autre A*** il y a quelques semaines. Il vit les siens. Ne se conforme pas forcément à ce que les siens attendent de lui et il est heureux comme ça. A*** semble ressentir les mêmes choses à Paris que moi lorsque j'étais à Berlin. Il repart dans 1 semaine, je ne sais pas si je vais le revoir un jour. Mais cette longue discussion de la nuit m'a renforcé encore une fois dans l'idée qu'il faut aller au bout de ses rêves.

Au fond, j'ai le sentiment qu'à 23 ans "the world is mine" comme dirait david guetta qu'a écouté toute la nuit l'un de nos patients en chambre de soin^^

Et je compte en profiter!!

mardi 23 octobre 2007

Mes nuits et mes collègues

Oui, je sais, normalement ça ne se fait pas de parler des gens en leur absence. C'est pourtant ce que je vais faire, parce que mes collègues de l'hôpital, même si ce ne sont pas des amis, occupent une place importante dans ma vie. Et puis il faut imaginer le travail de veilleur: chaque nuit de travail, ce sont 12 heures d'affilée en tête à tête avec un collègue, ce qui est propice à des relations particulières: on connaît souvent vite beaucoup de choses sur l'autre sans vraiment le connaître dans le fond. Quelques collègues

G*** vient des Antilles et est la personne avec laquelle j'ai le plus veillé depuis que j'ai commencé à travailler dans cet hôpital il y a un peu plus d'un an. Elle a 60 ans et un bon sens qui sent l'expérience. Avec elle les patients se conduisent correctement car elle ne leur laisse pas la possibilité de faire n'importe quoi. Jamais vécu d'agression lorsque je veillais avec elle. Et c'est agréable.

C*** est pour moi l'infirmière top! Il suffit d'un "Salut Manu!" lancé le soir lorsque nous prenons notre service pour que je me sente bien. C*** a 49 ans (mais elle en fait 40) et un fils qui a mon âge. Pourtant je ne la vois pas comme quelqu'un appartenant à la génération de mes parents, mais comme une collègue, proche et complice de beaucoup de petites histoires :-) Elle sent l'expérience de son métier, a une voix douce et lénifiante ce qui est très efficace avec nos psychotiques. Enfin elle est toujours au centre de discussions super intéressantes. C'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup et si je vous disais qu'en plus elle est très belle et ne fait pas du tout son âge, vous me diriez que j'ai trouvé le prototype de la femme parfaite. Peut-être.

D*** vient "de l'Amérrrique latine" et a un petit accent exotique. Elle affronte courageusement la phase terminale du cancer de son mari. Elle veille la nuit et ne dort plus la journée parce qu'elle est près de lui. La soirée se passe de coups de fil en coups de fil, pour savoir comment il va et si tout est en ordre. On lui pardonne du coup facilement les paupières qui se ferment parfois durant la nuit. D*** est une infirmière très professionnelle. Je n'ai jamais vu un tel respect des patients, une telle politesse.

S*** a 43 ans, et on s'entend bien. Quand on passe des nuits ensemble et que c'est calme, on peut passer des heures à discuter de tout, de nous, de nos relations amoureuses, qui marchent ou ne marchent pas. C'est typiquement la collègue que je n'ai jamais vu en dehors du travail et qui pourtant sait des détails de ma vie privée que peu de gens partagent. Et vice-versa. S*** est la seule survivante d'un accident de voiture qu'elle a eu lorsqu'elle avait 20 ans. S*** vit au jour le jour. S*** est une femme chouette.

M*** adooore les chats. Elle en recueille toujours dans le bureau la nuit. Des chats sauvages qui traînent dans le jardin. M*** va parfois sur des sites de rencontres. Elle cherche un homme. M*** est originale et intéressante. Dommage qu'elle ne travaille plus ici depuis quelques temps.

Au milieu de toutes ces femmes il y a tout de même quelques hommes. A*** et L*** sont deux jeunes infirmiers, potes de longue date, hyper sympas et déconneurs, avec qui j'ai passé de bonnes nuits. A*** est un dragueur, il arrive à la trentaine et est toujours célibataire. L*** est gentil et rigolo. A*** vit son rêve, à mi chemin entre Lausanne et Paris. A*** est mignon et a un charme fou ce qui ne gâche rien. Il est peut-être juste un peu trop sûr de lui et de l'effet qu'il fait. A*** et L*** sont deux mecs sympas, sensibles et tout. Un vrai plaisir de travailler avec eux.

lundi 22 octobre 2007

Les fous


Comme je travaille dans un hôpital psychiatrique, ils font finalement aussi partie de mon quotidien. Bien sûr le titre est à prendre au second degré, parce qu'en les côtoyant j'en ai appris énormément sur eux et je ne les considère plus comme des fous, mais simplement comme des gens malades et souffrants, qui ont besoin d'être soignés. Entre aventures marrantes, réflexions philosophiques et beaux moments partagés (en faisant abstraction hélas des agressions), voici une nouvelle rubrique de mon petit monde.

mercredi 10 octobre 2007

Un appart et un bouquin

2 lignes pour dire que j'ai enfin trouvé un appart, et que vous êtes cordialement invités pour le déménagement... dans 2 semaines. Ou sinon pour une bouffe et les récits d'Israël!

(bon les gens d'internet que je ne connais pas encore, ben je serais quand même content de faire votre connaissance avant de vous donner l'adresse^^)

Sinon je suis en train de lire un super bouquin reçu pour mon anniversaire : Mes amis, mes amours de Marc Lévy. Histoire très sympa, un peu fleur bleue et pas prise de tête, bref le truc parfait pour se reposer mentalement pendant mes longues nuits de travail. Au rytme où j'y vais il sera fini lors de la prochaine nuit!

mardi 9 octobre 2007

Biorythme gay


Dans un des derniers numéros de Têtu il y avait un article sur le biorythme gay - le fait que les mecs ont des poussées de testostérone au même moment dans la journée, ce qui avantagerait fortement les gays par rapport aux hétéros dans le sens où ils ont envie de se sauter dessus en même temps (hem...).

Ce matin je me disais que c'était pas gagné pour quelqu'un comme moi, qui travaille de nuit, parce que quand je descends de l'hôpital vers la gare le matin, je viens de finir de bosser, j'ai envie de me relaxer, je suis hyper éveillé, bref très propice à de nouvelles rencontres. Et je ne croise que des visages fermés, de gens fatigués, mal réveillés, qui n'ont pas envie d'aller travailler, bref qui seront difficiles à draguer.

Et le soir c'est le contraire, c'est moi qui suis mal réveillé et qui ne porte aucune attention au flux de mecs qui sortent du travail, libérés - et potentiellement plus aptes que le matin à se laisser draguer - qui se dirigent vers leurs maisons.

La vie est injuste. Faut que je le balance ce job!^^

Non je rigole, sinon cette fois-ci je serai vraiment à la rue :-)

dimanche 7 octobre 2007

Des bières et des rugbymen


Samedi soir j'étais avec mon pote Thierry à boire quelques bières dans un petit bar de Genève en refaisant la monde. Et on s'est soudain retrouvés pris dans la ferveur des fans de rugby venus voir sur le coup de 9h le match France-Nouvelle Zélande.

Comme on est tolérants (et qu'on avait la flemme de se bouger)(et aussi que les bières étaient moitié prix pour l'occasion)(et pour moi également parce que le barman me plaisait bien), BREF pour toutes sortes de raisons plus ou moins bonnes, nous sommes restés à discuter tranquillement.

Thierry avait la vue sur l'écran, moi sur les fans. Et franchement je ne sais pas lequel de nous deux avait le plus beau spectacle. Il y avait en effet droit dans mon champ visuel 2 femmes complètement surexitées qui hurlaient à tout bout de champ. Des vrais monstres, le visage crispé, les yeux exorbités, poussant des cris rauques et profonds, la carotide saillante, bref tout un spectacle^^

Au bout d'un moment Thierry et moi sortons notre philosophie du soir à propos de ces nouvelles identités masculines et féminines. On était là les deux depuis un moment à discuter tranquillement de nos relations aux autres, du fait qu'on est tous les deux loins du vieux stéréotype masculin macho-fier-avec un besoin énorme de montrer une virilité prétendument toute aussi énorme. Et face à cela, on se retrouvait confrontés à deux femmes qui, elles, sortaient tous ces caractères justement censés être tyiquement masculins: compétitivité, rage de vaincre, sans aucune de retenue, bref un comportement très animal^^

Et en même temps je remarque aussi dans mon expérience d'éduc en foyer que les adolescentes ont souvent besoin de jouer un rôle de fille soumise avec leur mec. Comme si on assistait - après 30 ans d'émancipation progressive de la femme - à une deux grandes tendances, d'un côté avec des attitudes et des rôles de moins en moins différenciés entre hommes et femmes voir différenciés à l'inverse (exemple du bar, mais aussi de cette nouvelle espèce appelée "metrosexuels" par les jeunes cool) et de l'autre côté avec besoin de retour total dans un rôle de soumission face au mâle (exemple des ados en foyaer mais aussi de la culture vehiculée par la télévision). Je n'ai pour l'instant observé cette dernière tendance que chez des ados, et j'espère bien que ce n'est qu'une mode et un passage dans leur maturation vers l'âge adulte. Cependant tout ceci m'interpelle...

Heureusement le bière n'était pas chère et il restait les beaux rugbymen!

mardi 2 octobre 2007

23 ans et libre!


Je rentre de vacances vendredi soir. Lundi matin 8h30 j'appelle mon directeur, qui vient de m'engager 2 semaines auparavant.

- Bonjour Monsieur, je vous appelle pour vous dire que j'ai bien réfléchi durant ces deux dernières semaines et que je ne vais pas venir travailler chez vous.

Autant dire que je me suis fait jeter par ce vieux bougon! Mais je me sens tellement bien depuis que je n'ai pas regretté un seul instant cette décision.

Bien sûr, arrivant de l'étranger j'aurais pu être content d'avoir un job qui me tombe dessus comme ça. Surtout que ce job correspondait à mon rêve... d'il y a 4 ans! Mais travailler dans une équipe éducative implique de s'investir plus de 6 mois ou une année. Et je savais bien que d'ici quelques temps j'aurais envie de repartir. Ailleurs.

A 23 ans, j'ai beaucoup trop de projets à réaliser avant de me caser. Finalement ça aurait été un peu triste de me mettre une chaîne aux pieds pour plusieurs années alors que je suis jeune, et que j'ai envie de profiter de la vie maintenant!

Et puis ça fait plus d'un an que je survis grâce à mon boulot à l'hôpital et quelques petits jobs à côté, donc quelques mois de plus ce ne sera pas la mort. Combien de gens j'entends tous les jours me dire "ah oui, j'aurais du voyager quand j'étais jeune, et patati et patata".


Alors voilà, je suis libre, conscient d'avoir rejeté délibérément un petit confort matériel-modeste tout de même, c'est pas dans le social que j'aurais fait fortune-et je m'en fous pas mal de ce que diront les gens.

PS: les 247.- qu'il restait sur mon compte en banque au début de la semaine me rappellent quand même que ma liberté n'est tout de même pas aussi totale que ce que je crois

PPS: Mais je m'en fous.

PPPS (après je m'arrête, promis): Merci à ceux qui m'ont permis d'ouvrir les yeux!